En marge du Festival de jazz de Saint-Louis, les responsables du patrimoine ont organisé une séance de réalisation et de dégustation du “Thiébou dieun” (riz au poisson), un plat estampillé national, dans notre pays. L’objectif est de proposer ce savoir-faire culinaire, pour son inscription sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco.
A Saint-Louis, le « thiébou dieun » (riz au poisson) retrouve des saveurs. Cette spécialité culinaire sénégalaise a été mise au goût du jour lors du 27ème Festival de jazz. Une séance de préparation et de dégustation y a été organisée. La tenue de cette rencontre s’inscrit dans une démarche des autorités qui ont initié l’inventaire du patrimoine immatériel dans notre pays, depuis bientôt trois ans, a expliqué Abdou Aziz Guissé, directeur du Patrimoine culturel.
Il a rappelé que des équipes sont sur le terrain pour répertorier les rites d’initiation (boukout), les arts du spectacle, le mariage, la médecine traditionnelle, autant d’éléments propres au Sénégal, « et qui montrent notre savoir-faire ».
A l’image des Italiens qui, il y a deux ans, ont réussi à inscrire la pizza, il serait intéressant que tous ensemble, nous travaillions à faire d’abord de notre « thiébou dieun » un patrimoine immatériel de l’Unesco, et après, pourquoi ne pas penser aux autres savoirs faire culinaires, a défendu M. Guissé.
Moustapha Ndiaye, membre de la cellule en charge de lister le patrimoine immatériel dans la région de Saint-Louis, a rappelé qu’au début, 30 éléments ont été répertoriés.
Ainsi, pour la commune de Saint-Louis, le « thiébou dieun » a été retenu comme élément qui forge l’identité de la localité. Ainsi, du marché à la cuisson et après la dégustation, « nous avons montré les différentes étapes de la préparation de ce mets », a souligné M. Ndiaye.
Pour Fatima Fall, directrice du Centre de recherche et de documentation du Sénégal (Crds), et expert référant pour l’inventaire à Saint-Louis, Matam et Louga, on trouve partout dans le monde un restaurant africain ou sénégalais qui propose du riz au poisson. Cette inscription sur la liste, a-t-elle déclaré, sera bénéfique pour le tourisme, même si on note des différences dans la préparation.
Selon la spécialiste, il faudra faire vite, car des nations anglophones d’Afrique de l’Ouest essayent de l’inscrire à leur compte, sous le nom de « Djolof rice ». L’écrivain Alpha Amadou Sy qui, dans ses œuvres, réserve quelques lignes sur le « thiébou dieun », a insisté sur l’importance de cette recette, une identité nationale et aussi locale. Quand on dit Saint-Louis, a-t-il poursuivi, on pense au pont Faidherbe, au génie tutélaire Mame Coumba Bang, à Gouye Sédelé, mais encore plus au « thiébou dieun ».